Enquêteurs de l’environnement : quand l’enquête privée sert l’intérêt général

L’image du détective privé se confond souvent avec l’ombre des affaires matrimoniales ou des fraudes financières. Pourtant, une nouvelle génération d’enquêteurs et d’enquêtrices met aujourd’hui ses compétences au service de causes plus vastes : défense des écosystèmes, protection animale, lutte contre les dépôts sauvages. Cet article propose un zoom sur trois visages et trois terrains d’action où l’investigation privée devient un levier citoyen et juridique.
 

1. Micheline Gambaretti : la pionnière bretonne des « cold cases » écologiques

Ancienne gendarme judiciaire, Micheline Gambaretti est à ce jour la seule détective privée française exclusivement consacrée aux atteintes à l’environnement. Basée dans le Finistère, elle piste rejets illégaux de lisier, permis de construire douteux et pollutions diffuses, appareil photo et code de l’environnement à la main. « Il y a toujours une sorte d’omerta », confie-t-elle, en dénonçant la difficulté d’obtenir des preuves exploitables sans expertise technique. Ses rapports nourrissent les plaintes de riverains, d’associations mais aussi les enquêtes des procureurs.

 

 

2. Sur la trace des voleurs d’animaux

Parallèlement, des cabinets se sont spécialisés dans les disparitions et vols de compagnons domestiques. Le service « Détective Animaux » est pionnier : équipé de drones, de réseaux vétérinaires et d’outils d’intelligence sociale, il suit pistes olfactives et numériques pour restituer chiens, chats ou chevaux subtilisés. Les enquêtes sont encadrées par le droit commun du vol (article 311-3 du Code pénal) et complétées par le renforcement des peines pour maltraitance (article 521-1 du Code pénal, modifié en 2021). 

Les détectives collectent photos, attestations et géolocalisations, puis consignent tout dans un rapport horodaté remis aux forces de l’ordre ou à l’avocat du propriétaire. Dans certains cas, la simple annonce de l’enquête privée accélère la restitution amiable de l’animal.


3. Des enquêteurs privés pour traquer les dépôts sauvages

Maires et intercommunalités mandent désormais des détectives afin d’identifier les auteurs de décharges sauvages. Le cabinet ProcAP, par exemple, planque des caméras autonomes sur les chemins vicinaux ou suit les rotations de bennes suspectes, puis remet un dossier probatoire à la police municipale ou au parquet. 

Cette coopération est confortée par la jurisprudence : le Conseil d’État admet qu’un rapport de détective puisse fonder des sanctions disciplinaires ou pénales (CE, 16 juillet 2014, n° 355201). 

 

Conclusion

Qu’ils traquent les pollueurs des rivières bretonnes, restituent un chiot volé à sa famille ou débusquent les auteurs d’une décharge sauvage, ces détectives de la « green justice » rappellent qu’investigation privée et intérêt collectif peuvent converger. À l’heure où les effectifs publics peinent à couvrir l’ensemble du territoire, ce maillon complémentaire s’avère précieux : il documente, alerte et, surtout, transforme l’indignation citoyenne en preuves recevables devant les tribunaux.

Face aux crises écologiques et au trafic croissant d’animaux domestiques, le métier d’enquêteur privé n’a peut-être jamais été aussi indispensable – à condition de rester solidement ancré dans le droit et dans l’éthique.

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